Article publié dans SCALPel n°2.
Ces quelques dernières années marquent un fort renouveau fasciste à travers toute l’Europe. Afin que chacun et chacune comprenne la situation dans laquelle l’Europe s’embourbe peu à peu, faisons un bref rappel des nombreux événements qui se sont déroulés ces derniers temps autour de la mouvance fasciste européenne.
C’est bien l’Espagne qui fait le plus parler d’elle en ce moment, et pour cause, en décembre dernier le chef de l’Etat conservateur Mariano Rajoy fait passer une loi limitant le droit à l’avortement. Ne soyons pas naïfs, avorter est désormais quasiment impossible. Même le viol doit être prouvé, par un dépôt de plainte pour que l’avortement puisse être autorisé (rappelons d’ailleurs que bien souvent les femmes violées ont honte d’aller voir la police, ajouter cet acte comme nécessaire afin d’aller avorter est aberrant). Quant au danger pour la mère, il doit être lui aussi prouvé, par un examen effectué par deux médecins différents. Il semble donc que le mot principal soit « preuve ». Mais prouver à qui au juste ? Prouver à l’institution étatique -contrôlant clairement la vie des femmes- afin d’avoir le droit de disposer librement de son corps et de sa sexualité. La femme est bafouée, comme à chaque fois lorsque le fascisme pointe le bout de son nez (cf. l’article sur l’Espagne). Ce patriarcat radical n’est pas le seul aspect fasciste en Espagne. Quelques mois plus tôt, le même gouvernement (Parti Populaire) a voté une loi foncièrement antidémocratique, appelée « sécurité citoyenne ». Ces plus grands principes : interdiction sous peine de graves poursuites de photographier des policiers exerçant leur habituelle répression ; interdiction de se masquer le visage lors de manifestations (vœu implicite de fichage des éléments considérés comme déviants) et nous passons sur les autres éléments absurdes et fascisants de cette loi (une recherche rapide vous renseignera aisément). L’Espagne, qu’il y a à peine moins de 40 ans était sous les griffes de Franco -dont la politique fasciste n’est plus à prouver nous l’espérons- se retrouve désormais dans une spirale dangereuse où le peuple perd radicalement ses droits les plus basiques et nécessaires.
La péninsule ibérique n’est pas le seul pays européen victime du fascisme. Les autres Etats européens, même si de manière moins radicale et moins médiatisée, exercent des politiques fascisantes faisant du peuple des sujets à contrôler ou exclure. La France en est un bon exemple, depuis déjà plusieurs années les gouvernements (qu’ils soient de droite ou de gauche) enchaîne les politiques de stigmatisation (chasse aux Roms, islamophobie…) et se donne pour seul but, celui de baisser le taux d’immigration. Mais l’extrême-droite depuis environ un an (depuis la loi dite du « mariage pour tous ») se décomplexe dans la rue. C’est d’abord un mouvement désormais incontournable qui se développe fortement : « la manif pour tous », rassemblement de catholiques intégristes, d’identitaires, et autres nervis du capitalisme. Enchainant les manifestations et actions (prières de rue, etc.), ils déversent sans cesse leur haine et leur homophobie dans les rues françaises. Un tel mouvement finit par raviver toutes les forces fascistes : être homophobe, raciste, antisémite ou encore machiste devient banal et décomplexé. Mais ce fascisme grandissant n’en reste pas aux simples idées, en témoigne les derniers mois. Avril 2013 : l’homophobie frappe, littéralement, en attaquant les gérants d’un bar gay à Lille : les agresseurs sont connus comme proche de l’extrême droite. Deux mois plus tard, un ancien militant de Troisième Voie (groupuscule d’extrême droite), Esteban, tue suite à plusieurs coups Clément Meric, militant antifasciste dans les rues de Paris. Dans une autre mesure, les actes islamophobes ont connu une augmentation de 11% en 2013 (agressions de femmes voilées notamment, l’une d’entre elle (Argenteuil) ayant perdue son bébé). Plus récemment, à Clermont-Ferrand, des militants d’extrême droite tirent à balle réelle sur une foule de sympathisants aux sans-papiers organisant un concert en leur soutien. A Montpellier également, des individus appartenant à la Ligue du Midi (identitaires) tabassent des militants LGBTI et antifascistes en décembre dernier (cf. le communiqué des victimes). L’actualité française prend donc un tournant très inquiétant, plusieurs groupuscules se décomplexant et n’hésitant plus à descendre dans les rues (et vont jusque tuer…), dont la voie a été ouverte par un gouvernement qui mène des politiques stigmatisantes et répressives.
La Grèce depuis plus d’un an est un exemple de montée fasciste. Le parti facilement qualifiable de néonazi, « L’Aube dorée », est en effet au pouvoir, avec 10% d’intentions de vote et 18 députés au gouvernement (en 2012). Ce n’est autre qu’une conséquence de l’impact économique et social : la pauvreté est le terreau du fascisme. La crise des années 2007-2008 a fortement affaiblie la Grèce, qui face aux nombreux plans d’austérité (que nous ne connaissons que trop bien) se trouve dans une situation de précarité dans tous les domaines (chômage record de 27%, suppression d’universités, etc.). Les individus s’opposant à cette montée du fascisme ne peuvent le montrer sans conséquences, en témoigne le rappeur antifasciste Pavlos Fyssas, assassiné de plusieurs coups de couteau par un militant de l’Aube Dorée. La police n’a rien fait pour intervenir, démontrant le laissez-faire et appui étatique auprès des groupes fascistes. Mais si ce terrible fait met en lumière les agissements de l’Aube Dorée, leur violence était déjà présente auparavant et touchait principalement la population immigrée. Même si ce parti n’est pas majoritaire au gouvernement, il se partage le pouvoir avec la « Nouvelle Démocratie », parti conservateur, qui s’occupe de préparer le terrain à la montée du fascisme, en s’affichant clairement du côté de l’austérité. La Grèce apparaît médiatiquement comme un des pays le plus violemment touché par la crise, mais il n’est pas pour autant une exception. Il faut plutôt y voir une image du futur des pays dont les choix gouvernementaux ne se résument qu’à appauvrir, réprimer, et exclure.
Cet article ne se veut pas exhaustif car l’essor de la peste brune en Europe est grand, et touche beaucoup de pays (Hongrie, Norvège, Angleterre…). Cette montée reste logique dans un contexte économique où la pauvreté et la précarité ne font qu’augmenter et ne connaisse plus de limites.
C’est pour cela, qu’antifascistes de tout pays ; nous affirmons notre haine envers le capitalisme, système d’exploitation, moteur pour ces idéologies.
N’hésitons pas à descendre lutter dans la rue pour combattre la vermine fasciste.
¡No pasarán!