Second tour Macron/Le Pen : manifestation samedi 16 avril contre le capitalisme et le fascisme !

Les élections présidentielles de 2022 sont un recommencement de celles de 2017, mais en pire. Après 5 ans d’exercice brutal du pouvoir, le Macronisme libéral s’est révélé en capitalisme autoritaire et liberticide. En face le Rassemblement National s’est hissé au second tour en exploitant non seulement la misère sociale, mais aussi et surtout la xénophobie de plus en plus poussée de la société française. Désormais, il apparaît quasiment habituel dans le débat politique et dans la pratique du pouvoir de traiter comme des êtres-humains de seconde zone des pans entiers de la population : les personnes issues de l’immigration, ou considérées comme telles, les migrants, les réfugiés … Le tout dans un contexte d’explosion de la pauvreté, d’un renforcement sans précédent de l’Etat policier, d’une augmentation alarmante de l’antisémitisme et d’une LGTQI-phobie toujours massive.

Nos vies ne peuvent pas se résumer à subir l’éternel duo entre un libéralisme de moins en moins libéral et sa version encore plus xénophobe. La démocratie apparaît ici comme l’éternel argument pour nous faire accepter la prise en main de nos vies par le capitalisme.

Il est temps que les exploités s’organisent, et que le mouvement social submerge ce système capitaliste et étatique. Fidèle à son histoire et à notre camp social, le SCALP appelle, en tant que « Section Carrément Anti-Le Pen » à combattre l’extrême-droite et le péril qu’elle fait courir de façon immédiate à une grande partie de la population, et en tant que « Section pour des Comités Autonomes de Luttes Populaire », à combattre le pouvoir qui nous exploite, nous flique et nous réprime.

Nous appelons à une manifestation anticapitaliste et antifasciste ce samedi 16 avril à 14h, place de la Comédie à Montpellier.

SCALP-No Pasaran 34.

SCALPel, le journal fait à la (r)hache ! Numéro 4.

Le SCALP / No Pasaran 34 a le plaisir de vous faire découvrir le quatrième numéro de son petit journal montpelliérain, « SCALPel ».

(anti) édito : Après plus de 2 ans d’absence, « SCALPel, le journal fait à la (r)hache » est de retour pour un 4ème numéro. On espère que ça te fait plaisir ! N’hésites pas à partager SCALPel avec tes amis, tes collègues, ou à le laisser traîner dans un bar, une bibliothèque ou une salle d’attente !

LISTE DES ARTICLES :

14/02/2020 : Rassemblement contre la venue de Le Pen à Nîmes

📣📣📣 VENDREDI 14 FEVRIER📣📣📣
Rassemblement contre la venue de Marine Le Pen, 16h, hotel Novotel-Atria
à Nîmes

✊✊✊

Contre l’extrême droite qui divise les travailleurs, nous sépare en
fonction de nos origines, religions ou pas… au plus grand profit des
capitalistes. C’est encore une fois le diviser pour mieux régner. Et ne
nous y trompons pas, le RN est contre les luttes sociales, contre
l’augmentation du Smic… Et cherche à orienter notre colère contre les
immigrés, les chômeurs… pour protéger les puissants.

La droite réactionnaire à l’offensive sur les universités de Montpellier.

Près de deux mois après l’agression armée revendiquée par un groupuscule néonazi contre les étudiants mobilisés de l’Université Paul Valéry Montpellier 3, c’est le groupuscule de droite réactionnaire « La Cocarde » qui tractait ce jeudi 30 janvier à l’Université de Montpellier (UM).

La haine et le nationalisme sont des poisons, restons vigilants.

 

 

19/01/2020 : Rassemblement contre la Manif Pour Tous

Nous appelons à participer au rassemblement dimanche 19 janvier devant la préfecture de Montpellier à 15h.

Non au retour de La Manif Pour Tous (LMPT) !

Comme à chaque avancée sociale, le gouvernement donne une voix à l’extrême-droite et à sa « liberté d’agresser » dans l’espoir de gagner son vote. Nous demandons l’égalité des droits, ne laissons pas LMPT donner son avis !

LMPT s’était déjà rassemblée en 2012 pour empêcher les couples homos de se marier. Elle revient aujourd’hui pour nous empêcher de fonder une famille grâce à la PMA, et l’adoption et n’hésite pas à tenir des propos rabaissants et discriminants vis-à-vis des LGBTQIAP+. LMPT se targue de protéger les enfants, et pourtant, elle ne protège pas les enfants de la rue, racisé·es, étranger·es et/ou queers. Elle ne protège que « l’enfant blanc, cis, riche et hétéro » qu’elle conditionne avant même qu’il n’ait la possibilité de se questionner !

LMPT est blanche, hétéronormée, privilégiée. Ces partisan·es possèdent tous les droits et refusent que d’autres y aient accès. Pires, iels se sentent menacé·es par la liberté d’autrui et ressentent le besoin d’écraser les minorités pour se sentir exister dans leur supériorité.

A quel moment peut-on parler de « liberté d’expression » ?

LMPT met sur le même plan l’expression des propos haineux refusant l’égalité et les paroles de personnes discriminées et concernées exigeant l’égalité de droit constitutionnelle. En vérité, LMPT blanche, hétéro et cis fait un appel à « la liberté d’agresser » verbalement et physiquement les genres et les orientations minorisées.

Contre la Transphobie et l’Intersexophobie d’État : la PMA pour tou·tes !

Nous demandons à l’État une PMA pour tou·tes afin que toutes les personnes en capacité de porter un enfant puisse bénéficier de la PMA, qu’elles soient trans, non-binaires ou intersexué·es. Cet amendement à la loi bioéthique a pour l’instant été refusé.

Stop aux Mutilations sur les Intersexué·es !

Les intersexué·es, c’est-à-dire des personnes né·es avec des caractéristiques sexuelles qui ne sont pas typiquement féminines ou masculines subissent pour certain·es des mutilations à la naissance dans le but de « féminiser » ou de « masculiniser » leurs parties génitales. L’enfant qui n’aura pas été en capacité de donner son consentement en subira dans de nombreux cas des séquelles à vie. L’État continue pourtant de ne rien changer et intensifie même la systématisation de cette pratique.

Des choix de dates pas anodins

19 janvier, 8 mars, 17 mai ne sont pas des dates choisies au hasard. Chacune a son importance historique pour la communauté LGBTQIA+ :

  • 17 janvier : Loi Simone Veil
  • 8 mars : Journée de luttes contre les violences faites aux fXmmes
  • 17 mai : Journée de lutte contre l’homophobie et la transphobie

Ces choix de dates sont une provocation que nous ne laisserons pas passer !

C’est ici l’hétéropatriarcat qui s’affole et qui craint de perdre ses privilèges et le contrôle de nos corps ! Femmes, personnes homo, bi, pan, trans, non-binaires, intersexué-es : le sexisme oppresse presque tout le monde, il est grand temps de s’en débarrasser !

Le rassemblement a lieu dimanche 19 Janvier à 15h sur la place des Martyrs de la Résistance, devant la préfecture.

Soyons nombreux·ses !

Face aux bureaucraties de la vieille gauche, giletjaunons la grève !

Un excellent texte du média local culturel « Zones Subversives »  :

 » Pour giletjauner la grève

C’est le retour du vieux mouvement social. Les manifs syndicales paraissent bien ternes après la révolte des Gilets jaunes. On est loin d’un mouvement sauvage et spontané porté par des précaires et des salariés à bas revenus. La grève perlée amorcée le 5 décembre 2019 mobilise surtout la bonne vieille fonction publique encadrée par ses bureaucraties syndicales. Certes, certains cheminots et militants syndicaux ont été ébranlés par les Gilets jaunes et ne veulent plus se contenter de défendre leur statut. Mais la grève peine à se propager dans le secteur privé, et encore moins dans les petites entreprises. C’est évidemment plus facile d’assumer de faire grève pour un prof que pour un travailleur précaire qui côtoie son patron ou son chef de service noyé dans la start-up nation. 

Difficile de ne pas attaquer les bureaucraties syndicales, et la vieille gauche en général, pour expliquer cette nouvelle défaite programmée. La CGT montre ce qui lui reste de muscles en mobilisant ses « secteurs-clés » (SNCF, Ports et docks, pétrochimie, énergie). Pour le reste, la fameuse « construction de la mobilisation » n’est qu’une vaste blague. Les syndicats s’opposent à une généralisation de la grève. La propagation de la conflictualité dans des secteurs plus incontrôlables leur fait craindre une « giletjaunisation » du mouvement. L’auto-organisation et des pratiques de lutte qui débordent du cadre légal risquent de renvoyer les syndicats dans les poubelles de l’Histoire.

Nénamoins, le mouvement actuel tente quelques débordements, avec des formes de grèves actives qui ne se réduisent pas aux « journées de mobilisation ». Dans certains endroits, des actions de blocage économique permettent d’intensifier la grève. Mais il semble également important de l’élargir. Il manque des débrayages et encore plus des actions directes dans les entreprises pour se confronter au patron et à la direction. La conflictualité sociale doit se propager et non se réduire à des petits noyaux militants plus ou moins radicalisés. 

Mais de nouvelles formes de révolte éclatent à travers le monde (Algérie, SoudanHong Kong, Chili, Liban, Irak, Iran) ouvrent des processus révolutionnaires qui ne s’éteignent pas. Désormais, la moindre étincelle peut devenir une explosion. Dans ces soulèvements, les syndicats et partis de gauche sont marginalisés. La révolte reste massive et spontanée. Les exploités relèvent la tête face à l’écrasement du capital. Mais ils ne savent pas toujours ce qu’ils veulent réellement.

Les revendications restent souvent réformistes. Ces révoltes attaquent des Etats autoritaires et les inégalités. Elles veulent plus de démocratie et et de justice sociale. Mais sans forcément remettre en cause les fondations de la société marchande. En France comme à travers le monde, il semble important d’inventer de nouvelles perspectives pour sortir de l’éternel retour à la normale. Il ne faut plus se contenter de vouloir améliorer un monde de misère et d’exploitation pour enfin vivre pleinement. Il faut en finir avec le travail, la marchandise et l’Etat. Seul le désir d’inventer un autre monde peut permettre de souffler sur les braises des révoltes sociales. « 

L’extrême-droite agresse des étudiants grévistes à l’université Paul Valéry Montpellier 3

Jeudi 05 décembre aux alentours de 6h30 du matin, les étudiants grévistes de l’université Paul Valéry Montpellier 3 ont été agressés par une dizaine d’individus armés et cagoulés. Il y a eu deux blessés légers parmi les étudiants lors de cette agression, qui s’est déroulée sous le regard impassible des agents de sécurité du campus. Le syndicat des étudiants, le SCUM (Syndicat de Combat Universitaire de Montpellier) a dénoncé ce qui apparait clairement comme une complicité entre les nervis d’extrême droite qui viennent briser une grève, et une direction d’université qui était directement visée par cette grève.

Le 06 décembre, l’agression  contre les étudiants de Paul Valéry a été revendiquée par un groupuscule d’extrême droite de mouvance néo-nazie, « South Face ».

En cette période de lutte contre la réforme des retraites et contre la misère qui impacte nos vies de plus en plus fortement, l’extrême-droite révèle ici son rôle historique : protéger le capitalisme par tous les moyens. Nous apportons une solidarité complète aux camarades étudiants qui luttent contre la précarité.

SCALP – No Pasaran 34.

Pour en savoir plus :

11/11/2019 : Rassemblement contre les violences de l’extrême droite.

Le SCALP – No Pasaran 34 appelle à participer massivement au rassemblement contre l’extrême-droite lundi 11 novembre 2019 à 14h, devant la Préfecture de Montpellier (place des Martyrs de la Résistance). Lire la suite

Points de vue sur les Gilets jaunes

Article de Zones Subversives (http://www.zones-subversives.com/2019/10/points-de-vue-sur-les-gilets-jaunes.html)

Points de vue sur les Gilets jaunes
La gauche intellectuelle et militante reste secouée par le mouvement des Gilets jaunes. Certains dénoncent une agitation populiste voire fasciste. D’autres y décèlent l’insurrection qui vient. Quoi qu’il advienne, les gilets jaunes ont profondément bouleversé le mouvement social. 

 

Le mouvement des Gilets jaunes apparaît inédit et inattendu. Ses pratiques de lutte, ses lieux d’action, sa composition sociale, sa diversité idéologique et ses multiples revendications distinguent ce mouvement social qui sort de l’encadrement des partis et des syndicats.

Les intellectuels de gauche sont divisés par rapport aux Gilets jaunes. Certains soutiennent une révolte populaire qui porte des perspectives d’égalité et d’émancipation. D’autres dénoncent la confusion idéologique qui alimente les idées réactionnaires.

La revue Lignes se révèle également divisée à ce sujet. Ses contributeurs ont pourtant partagé des points de vue similaires au sujet de la révolte des banlieues de 2005 ou de la vague d’attentats en 2015. Malgré leurs divergences, ces intellectuels considèrent que les causes du mouvement des Gilets jaunes demeurent justifiées. Un débat traverse le numéro 59 de la revue Lignes sous le titre « Gilets jaunes : une querelle des interprétations ».

 

Michel Surya - Lignes N° 59 : Les  gilets jaunes : une querelle des interprétations.

 

Révolte populaire et spontanée

 

Sophie Wahnich tente d’éclairer le mouvement des Gilets jaunes à la lumière de l’Histoire. Les Gilets jaunes ne sont pas des militants politiques qui mettent en avant leur idéologie. « Les Gilets jaunes apparemment ne sont ni encartés, ni syndiqués, ni clairement politisés au sens d’une appartenance assumée à une sensibilité politique identifiable », observe Sophie Wahnich. Ils manifestent souvent pour la première fois. Ils se disent mal payés mais aussi ignorés et méprisés. Cet événement déclenché par la taxe carbone révèle une aspiration à la liberté et à l’auto-organisation. « C’est notable dans la grande inventivité formelle, tactique et stratégique qui a été la leur et qui ne pourra être seulement refoulée », souligne Sophie Wahnich. Ce mouvement s’accompagne d’une importante sympathie de la part d’une grande majorité de la population.

Les éditorialistes et politiciens macronistes désignent ce mouvement comme « poujadiste ». Les drapeaux tricolores, la Marseillaise et la demande antifiscale restent des marqueurs d’extrême-droite. L’apolitisme des Gilets jaunes tolère ces symboles de confusion, ce qui effraie les intellectuels et militants de gauche, des républicains aux anarchistes.

Mais la nouveauté des Gilets jaunes suscite la sympathie. Ce mouvement invente de nouvelles pratiques de lutte. « Les gens étaient quasi neufs pour la plupart et ils ont inventé des formes kaléidoscopiques avec la multitude de ronds-points et de pages sur les réseaux sociaux », décrit Sophie Wahnich. Avec les occupations, les blocages et les manifs insurrectionnelles, l’Etat a peur. Le pouvoir déclenche alors la répression à partir de décembre 2018. Les violences policières se multiplient.

 

Jacob Rogozinski souligne la dimension imprévisible du mouvement des Gilets jaunes. C’est ce qui caractérise un véritable événement. La Commune de 1871, les grèves de 1936, la révolte de Mai 68 sont également des soulèvements imprévisibles. Cet événement impose, pour le comprendre, de changer de catégories d’analyse et de penser autrement. « Comme tout événement, il opère un clivage entre ceux qui sont sensibles à sa nouveauté, à sa force d’effraction, et ceux qui insistent au contraire sur ces aspects les plus problématiques ou s’effrayent par avance de ses conséquences », observe Jacob Rogozinski.

Ce mouvement se distingue par son ancrage social et territorial, par son absence de chefs et par l’apparition de tendances démocratiques radicales. Ce mouvement émerge dans des zones périurbaines dans lesquelles il ne s’est jamais rien passé. Il est porté par des catégories sociales qui n’ont pas l’habitude de se politiser. Personne n’a imaginé voir la préfecture du Puy-en-Velay incendiée.

La spontanéité et l’auto-organisation sont dénoncées par les avant-gardes léninistes qui fustigent un « manque de discipline ». C’est pourtant ce qui fait la force de ce mouvement, qui lui permet de mobiliser largement et de tenir sur la durée. Les Gilets jaunes affirment leur capacité politique en dehors de tout parti existant. La revendication du RIC émerge pour demander plus de démocratie. Mais elle est également critiquée car elle ne remet pas en cause la démocratie représentative et la classe dirigeante. « Dans cette perspective, il ne s’agit plus d’exiger d’être mieux représenté, mais d’abolir toute instance de représentation politique », souligne Jacob Rogozinski. Les Gilets jaunes de Commercy appellent à multiplier les comités populaires et les assemblées. Une organisation horizontale doit permettre de se coordonner à travers des délégués avec des mandats révocables et tournants.

Mais ces formes d’auto-organisation ont été écrasées dans les révoltes historiques. Les sections de sans-culottes de la Révolution française ont été démantelées par Robespierre. Les communautés libertaires de la révolution espagnole de 1936 ont été anéanties par les staliniens et les franquistes. Les soviets de la révolution russe ont été engloutis par la bureaucratie bolchevique. Ces formes d’auto-organisation surgissent de manière spontanée mais finissent par se déliter. « Il faut reconnaître qu’elles ont été vaincues en raison d’une faiblesse interne : dès que retombe l’effervescence des soulèvements, la chair du social tend à se défaire, à se disperser à nouveau en une multitude passive d’individus isolés », analyse Jacob Rogozinski.

 

Sur un barrage, samedi 17 novembre. © DR

 

Dangers réactionnaires

 

Le philosophe Arnaud Tomès évoque le populisme supposé des Gilets jaunes. Les éditorialistes dépeignent cette révolte populaire en mouvement poujadiste et fascisant. L’historien Gérard Noiriel rappelle que les révoltes sociales s’attaquent souvent à la fiscalité pour cibler l’Etat central.

Ernesto Laclau théorise la stratégie populiste qui consiste à agglomérer des milieux sociaux différents, comme les employés, les ouvriers et les petits patrons. Des demandes sociales et démocratiques doivent unifier le peuple. Néanmoins, Laclau insiste sur l’importance du chef alors que les Gilets jaunes rejettent toute forme de délégation institutionnelle. Mais cette stratégie repose sur la confusion. Surtout, une fois élus, les partis populistes remplacent leurs promesses de démocratie directe pour s’approprier les différents appareils de pouvoir au nom du peuple.

 

Le philosophe Alain Badiou, pétri d’idéologie maoïste, ne soutient pas le mouvement social. Il comprend les causes de la révolte, avec l’appauvrissement de la population liée à la crise économique. Mais il considère les Gilets jaunes comme un ramassis de boutiquiers et de petits patrons guidés par des aspirations réactionnaires. 

Alain Badiou fustige également la spontanéité et l’auto-organisation du mouvement. « Leurs proclamations, leur désorganisation périlleuse, leurs formes d’action, leur absence assumée de pensée générale et de vision stratégique, tout cela proscrit l’inventivité politique », estime Alain Badiou. Le maoïste préfère les partis disciplinés qui n’ont pourtant jamais rien obtenus de valable. Le philosophe souligne l’échec des mouvements Occupy. Il insiste sur l’importance du Parti pour diriger les révoltes populaires.

Néanmoins, Alain Badiou pointe une limite importante du mouvement. Les Gilets jaunes reposent sur l’unité contre Macron, voire sur une opposition entre un peuple supposé homogène et des élites. Cette unité reste factice. Ensuite, le mouvement ne propose aucune véritable perspective politique au-delà de la démission de Macron. Mais Alain Badiou se fourvoie lorsqu’il insiste sur le rôle moteur de l’idéologie. C’est bien l’action directe, les pratiques de grèves et de blocages qui restent le moteur des révoltes sociales.

 

Jean-Luc Mélenchon, lors de la « marche contre le coup d’Etat social », à Paris, le 23 septembre.

 

Faillite de la gauche

 

Le sociologue Philippe Corcuff estime au contraire que ce sont les partis de gauche qui entretiennent la confusion et nourrissent le danger réactionnaire. Philippe Corcuff veut en finir avec la gauche radicale en France. Cette mouvance comprend les débris de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), de l’altermondialisme avec ATTAC, et des syndicats comme Solidaires. Cette gauche émerge dans les années 1990 et se focalise sur la dénonciation du néolibéralisme. Le mouvement de l’hiver 1995, le référendum européen de 2005 et la lutte contre le CPE en 2006 restent ses grandes victoires. Mais cette vieille gauche semble essoufflée.

Le contexte intellectuel évolue. Les thématiques identitaires et la montée de l’extrême-droite ciblent les migrants et les musulmans. Se focaliser sur le néolibéralisme conduit à occulter le danger du nationalisme et des mesures sécuritaires issues de l’antiterrorisme. Le courant du souverainisme de gauche semble indifférent à ce danger et tend à l’alimenter.

Ensuite, la gauche s’indigne des diverses formes de dominations mais refuse de penser des perspectives émancipatrices. La spécialisation académique se focalise sur des aspects séparés. La logique postmoderne valorise la « déconstruction » et l’émiettement du sens.

 

Un confusionnisme se diffuse. L’extrême-droite incarnée par Alain Soral s’appuie sur la critique du « système ». Mais la gauche se contente d’une critique superficielle et simpliste du néolibéralisme et de la « pensée unique » qui peut déboucher vers des discours complotistes. Des économistes de gauche valorisent même la « solution nationale » contre l’Europe. Frédéric Lordon ne cesse de célébrer les vertus de l’Etat-nation. Le rejet de Macron peut même déboucher vers des alliances avec l’extrême-droite. L’éditeur Eric Hazan estime que le mouvement des gilets jaunes permet une alliance souhaitée entre extrême-droite et extrême-gauche.

C’est dans ce contexte de décomposition intellectuelle et politique que surgit le mouvement des gilets jaunes. La gauche ne cesse de minimiser les discours anti-migrants et complotistes pour repeindre le mouvement en rouge. Le gauche idéalise le bon peuple et se contente de suivre un mouvement qu’elle ne comprend pas. Les structures et les appareils de la gauche ne portent plus aucune perspective d’émancipation  individuelle et collective. Mais des groupes locaux et des pratiques d’auto-organisation peuvent permettre de reposer la question de l’émancipation.

Judith Balso reprend les fantasmes de la gauche parisienne sur le mouvement. Les gilets jaunes seraient manipulés par l’extrême-droite. Son point de vue est révélateur de la vieille gauche et de ses intellectuels déconnectés des luttes sociales. Les conditions de vie des exploités ne préoccupent pas cette mouvance. Le peuple doit alors s’unir derrière la défense des services publics et de l’Etat.

 

Un manifestant gilet jaune réclamant le RIC samedi 15 décembre à

 

Limites du réformisme

 

Gérard Bras observe le retour de la notion de peuple. Les gilets jaunes remettent en cause la représentation politique et les institutions traditionnelles. Ils opposent alors le peuple à la classe dirigeante. Néanmoins, les gilets jaunes évoquent aussi l’idée d’un peuple homogène contre les élites. Cette lecture peut exclure les étrangers et les immigrés. Ensuite, la notion de peuple occulte les clivages de classe qui traversent la société. Le peuple comprend des groupes sociaux qui ne partagent pas les mêmes intérêts.

Yves Dupeux évoque les limites politiques du mouvement. Cette protestation ne s’inscrit pas dans une perspective révolutionnaire. Les gilets jaunes dénoncent les excès du capitalisme, sans le remettre en cause. « Ils s’en prennent à ceux qui profitent du système plutôt qu’au système du profit », résume Yves Dupeux.

 

Guillaume Wagner observe également que les gilets jaunes avancent surtout des revendications modérés. Ils demandent des augmentations de salaires et des réformes institutionnelles comme le RIC. « Pour l’heure, les Gilets jaunes ne veulent pas de révolution ; si, par révolution, nous entendons abolition irréversible de l’économie politique, de l’exploitation et de la marchandise, c’est-à-dire de la société de classe », analyse Guillaume Wagner. Les Gilets jaunes veulent un nouveau compromis social, avec de nouveaux droits. Mais la situation économique empêche une amélioration de leurs conditions. La révolution peut alors s’imposer comme une nécessité.

Mais le mouvement des Gilets jaunes ne repose pas sur une idéologie politique. Les discussions autour des ronds-points et des péages portent sur les conditions de vie et sur les problèmes du quotidien. « Se rendre compte qu’on subit tous les mêmes rouages d’exploitation engendrant les mêmes galères, et toutes les barrières idéologiques fabriquées par les médias pour nous isoler les uns les autres s’effondrent », observe Guillaume Wagner. Une force collective se crée, non pas à partir d’une identité mais à partir d’une condition partagée. Le mouvement part du vécu de prolétaires qui subissent l’exploitation. Cette force collective rejette l’Etat et les partis. Elle se méfie de la récupération, des institutions, de toute forme de représentation et d’encadrement.

Les manifestations et les blocages montrent leurs limites. La grève active devient indispensable pour briser la routine du quotidien. « En effet, le lundi, on retourne courber l’échine, au taf, au pôle emploi ou à la caf », regrette Guillaume Wagner. Mais la grève doit se généraliser, y compris en dehors des entreprises. Ce mouvement doit « fusionner » la grève générale de décembre 1995, le mouvement des chômeurs de 1998, la lutte anti-CPE de 2006 et la révolte des quartiers populaires de l’automne 2005. La grève doit se propager dans tous les secteurs de travail, mais aussi dans toutes les expériences du quotidien.

 

Lors de l' assemblée génèrale des gilets jaunes à Commercy, le 26 janvier

 

Débats et analyses

 

La revue Lignes proposent des contributions originales. Les points de vue exprimés ont le mérite de la clarté. Même si beaucoup restent finement nuancés. Ces articles reflètent bien les débats qui agitent les milieux intellectuels et militants à propos de cette révolte singulière. La revue peut donc permettre de nourrir la réflexion à travers des points de vue divers.

L’hostilité au mouvement provient de la vieille gauche la plus racornie. Alain Badiou, qui baigne dans la petite bourgeoisie intellectuelle, croit voir les « classes moyennes ». Mais les Gilets jaunes peinent à survivre et dénoncent les faibles revenus. Ils aimeraient vivre dans le même confort que le philosophe maoïste pour disserter paisiblement sur l’idée communiste.

La composition sociale du mouvement fait débat. Beaucoup d’intellectuels se réfèrent à la notion confuse de peuple. Ce serait l’alliance des petits patrons avec leurs employés. Mais les gilets jaunes sont avant tout des exploités. Les commerçants ont soutenu la dénonciation des taxes au début. Mais ils sont rapidement sortis d’un mouvement qui demande l’augmentation des revenus et attaquent les centres-villes commerçants. Les « artisans » sont bien souvent des travailleurs manuels et des auto-entrepreneurs qui touchent de faibles revenus. On est loin du « parti de la boutique » avec ses riches commerçants.

Mais les gilets jaunes ne luttent pas dans les entreprises. Ce n’est pas la position sociale et le statut qui sont déterminants, mais le niveau de vie et les revenus. C’est sans doute la force de ce mouvement populaire qui sort de l’esthétique de gauche colonisée par les cadres de la fonction publique. Mais c’est aussi sa limite. L’opposition entre les salariés et les patrons, entre les exploiteurs et les exploités, n’est pas mise en avant. Mais Philippe Corcuff souligne que la gauche radicale abandonne toute analyse de classe pour une bouillie semi-complotiste. Les gilets jaunes sont aussi le produit du contexte intellectuel et politique.

 

Les intellectuels de gauche sont également désarçonnés par la spontanéité de la révolte. Ils se sentent davantage rassurés par les slogans vides de sens et les ballons de la CGT. Mais Alain Badiou réduit les limites de ces mouvements à leur auto-organisation et à leur absence d’encadrement. Pour lui, un mouvement digne de ce nom doit être piloté par une secte bureaucratique, maoïste et dirigée par un philosophe, normalien de préférence. Les vieilles pleurnicheries autour de la défense de l’Etat et des services publics sont également absentes du mouvement. De manière plus subtile, des intellectuels comme Jacob Rogozinski plaident pour l’intégration du surgissement spontané dans l’appareil d’Etat et la démocratie représentative. Mais ce serait vider le mouvement de son contenu et de sa force transformatrice.

Les critiques les plus pertinentes du mouvement attaquent au contraire son côté réformiste et citoyen. Philippe Corcuff décrit bien la décomposition intellectuelle de la gauche. Mais il évoque peu sa dimension réformiste. L’abandon de l’analyse de classe pour une morale citoyenniste reste le cœur du problème. Des contributeurs de la revue Lignes s’inscrivent toujours dans cette démarche. Au contraire, Guillaume Wagner insiste sur l’importance de la lutte des classes. Il évoque les limites d’un mouvement qui prend la rue et les ronds-points, mais délaisse les entreprises.

Les gilets jaunes attaquent surtout les flux et les banques. Mais ils évoquent peu la grève et le blocage des lieux de production. L’approche de Guillaume Wagner s’avère la plus pertinente. Il délaisse les considérations morales sur le mouvement pour analyser ses limites et ses perspectives stratégiques. Comment gagner et pour quelle société restent les questionnements centraux qui doivent animer les gilets jaunes et les révoltes sociales à venir.

17/10/2019 : Rassemblement sous les fenêtres du CRA de Sète

Le Collectif Toutes et Tous Étrangers appelle à un rassemblement sous les fenêtres du Centre de Rétention Administrative de Sète

Le rdv est à 18H devant le théâtre Molière (Avenue Victor Hugo face à la gare sncf)

Puis nous cheminerons ensemble vers le CRA

Parloir sauvage, musiciens et banderoles bienvenues

Pour une apocalypse de la gauche

Superbe texte de Zones Subversives ( http://www.zones-subversives.com/2019/06/pour-une-apocalypse-de-la-gauche-edito-n-38.html ). A lire.

Pour une apocalypse de la gauche : édito n°38

La gauche retrouve sa vraie place : dans les poubelles de l’Histoire. La révolte des gilets jaunes montre que les vieux appareils, les partis et les syndicats, ne servent à rien. Il n’y a plus rien à encadrer, à négocier, à aménager, à réformer. La crise économique de 2008 a définitivement rendu à la gauche son rôle historique de pièce de musée.

Lire la suite